Plan de soutien à la filière aéronautique : une bouffée d’oxygène pour l’un des moteurs de l’économie gersoise

Le gouvernement a présenté, le 9 juin 2020, un plan de soutien massif à la filière aéronautique, qui représente un effort de 15 milliards d’euros de la nation. Dans un contexte critique, les experts estiment que le trafic aérien ne retrouvera pas son niveau de décembre 2019 avant 2 ou 3 ans. Airbus a réduit de 35% à 40 % ses cadences de production en raison de la crise, et ce sont près de 300.000 emplois directs ou indirects qui sont en jeu ainsi que 1.300 entreprises industrielles (sous-traitants), en particulier en Occitanie. A l’échelle nationale, c’est 34 Mds€ d’excédents commerciaux annuels qui sont menacés.

Le gouvernement anticipe une reprise du secteur progressive mais sur un temps long : il était indispensable de soutenir l’un des fleurons de l’industrie régionale, mais aussi nationale et européenne.

« Nous décrétons l’état d’urgence pour sauver notre industrie aéronautique pour lui permettre d’être plus compétitive, plus décarbonée au 21ème siècle. C’est l’ambition de ce plan »

Bruno Le Maire

Le plan est construit autour de trois grandes ambitions :

🔹Sauver les emplois dans l’industrie aéronautique

Sans les mesures immédiates présentées dans le PLFR dès demain en Conseil des ministres, 100.000 emplois menacés dans les 6 mois à venir. En contrepartie, les groupes aidés, dont Airbus, Thalès, Dassault et Safran, se sont engagées à préserver l’emploi en France. Avec quels outils ?

➡️ D’abord en apportant des garanties à l’export : un moratoire d’un an a été accordé aux compagnies aériennes pour le remboursement de leur crédit à l’export. Coût de trésorerie pour l’État de 1,5 Md€

➡️ En assouplissant les modalités de remboursement de tous les nouveaux achats d’avions Airbus : les compagnies auront jusqu’à 18 mois (au lieu de 6 mois) avant de commencer à rembourser leurs crédits à l’exportation. Effort de trésorerie de l’État de 2 Mds€.

➡️ En passant des commandes publiques militaires, de la gendarmerie et de la sécurité civile pour un total de 832 millions d’euros.

➡️ En mettant en place une activité partielle de longue durée pour éviter les licenciements et la perte de savoir-faire. Afin d’éviter la multiplication des plans de sauvegarde l’emploi (PSE) et les licenciements, l’Etat travaille à l’adaptation du régime de chômage partiel pour l’inscrire dans la durée jusqu’à deux ans. Le ministère du Travail élabore actuellement avec les fédérations professionnelles et les partenaires sociaux ce nouveau dispositif qui doit être présenté « dans les prochaines semaines ».

🔹Accélérer la transformation des PME et entreprises de taille intermédiaire.

Ces PME et ETI sont la « 1ère force » de notre industrie aéronautique, capable de fabriquer des avions civils, des avions militaires et des hélicoptères. Dans le Gers, elles sont l’un des moteurs de notre économie départementale, à travers de belles réussites et de véritables savoir-faire reconnus. Nous allons les aider par la création de deux fonds :

➡️ Un fonds d’investissement en fonds propres doté d’1 Md€, dont 500M dès cet été.

C’est la première fois dans notre histoire que nos industriels investissent ensemble. Ce fonds, opérationnel dès juillet, est destiné à renforcer les fonds propres des entreprises fragilisées et à consolider le secteur. Son objectif sera d’investir en fonds propres dans les PME et les entreprises de taille intermédiaire qui auront été fragilisées par la crise. Le but est aussi de favoriser les rapprochements d’entreprises pour rendre le tissu industriel plus solide et mieux armé pour l’avenir. L’État apportera 200 M€, les quatre grands industriels (Airbus, Safran, Thales, Dassault) 200 M€ et le futur gestionnaire du fonds devra trouver 100 M€. Ce demi-milliard d’euros permettra ensuite d’aller lever 500 M€ de dette supplémentaire pour atteindre un encours global d’un milliard.

➡️ Un fonds d’accompagnement pour la numérisation et la robotisation des PME et ETI, entièrement financé par l’État à hauteur de 300 M€ sur trois ans. Dans ces domaines, il faut rattraper notre retard par rapport à l’Allemagne et l’Italie.

🔹Accélérer la décarbonation de l’industrie aéronautique française

L’objectif collectif est très ambitieux : il consiste à parvenir à un avion neutre en carbone en 2035 (au lieu de 2050), notamment grâce au moteur à très haut taux de dilution et au recours à l’hydrogène.

➡️ Pour ce faire, le Conseil pour la Recherche Aéronautique civile (le CORAC) recevra un soutien massif d’1,5 milliard d’euros sur 3 ans.

➡️ Ces aides permettront de développer en France les technologies de réduction de la consommation de carburant, les technologies d’électrification des appareils et les expérimentations de carburants neutres en carbone comme l’hydrogène.

➡️ Elles permettront également de garantir l’emploi des ingénieurs hautement qualifiés.