Avant-première des Trois Mousquetaires à Auch – billet d’humeur

Je comprends parfaitement qu’on soit opposé à la réforme des retraites, je le respecte et je discute de ses enjeux avec tous ceux qui le souhaitent. Mais nous devons condamner toute forme de violence dans le débat public.

Vendredi dernier avait lieu à Auch l’avant-première du nouveau film de Pathé : « Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan » mettant à l’honneur le plus célèbre des Gascons. Les équipes du film devaient venir le présenter, pas si fréquent dans notre capitale provinciale…  

Malheureusement, une bonne centaine d’individus, tels les gardes du cardinal Melenchon, ont préféré perturber ce moment convivial. Ils se sont rassemblés devant le cinéma, empêchant les spectateurs d’y rentrer, menaçant de coupures de courant et ils se sont introduits dans la salle pour perturber la séance.

Ces menaces me visaient directement et j’avais pris la décision de ne pas y assister, je ne voulais pas que ma présence serve de prétexte aux manifestants.

Ça n’a pas suffi à ces agitateurs professionnels. Ceux qui, dans le Gers, ont organisé des dizaines de manifestations sous Hollande et encore plus sous Sarkozy ont trouvé avec la réforme des retraites l’occasion d’y retourner.

C’est une triple bêtise :

  • La culture ne peut être prise pour otage. Leurs chants devant le cinéma me rappelaient les psaumes de ceux qui manifestaient contre « la tentation du christ » ou « l’inconnu du lac ».
  • Dans la salle, ni Pouyanné, ni Arnault, ni Musk. Mais des gascons curieux de leur mousquetaire. En ciblant ce film, ils commettent un terrible contre-sens. Il n’y a pas plus populaire qu’Alexandre Dumas, pas plus universel que les Trois Mousquetaires. Quarteron d’esclave, fils d’un général de la révolution, soutien de Garibaldi, Dumas est entré au Panthéon où il incarne le génie français. « Les Trois Mousquetaires représente ce qui anime le peuple quand il se soulève, la force de désobéissance devant la règle du puissant, le parti pris de l’idéal contre la résignation. Les Trois Mousquetaires, c’est une émeute. A quatre. »[1]  
  • Cette violence, des actes et des mots, les condamne. Aux films de Sergueï Eisenstein et de Ken Loach, ils préfèrent les clips de Boyard et de TikTok. Les Français ne veulent ni de cette violence ni de cette politique spectacle. Certes l’exemple vient de haut et ils appliquent les consignes, mais elle ne sied pas à l’âme gasconne.

Je continuerai à exercer mon mandat au service de tous les Gersois, sans me laisser intimider par les menaces.

 Jean-René CAZENEUVE


[1] « Mousquetaires et Misérables » Evelyne Pieiller chez Agone.